La culture des bains publics s'est épanouie simplement parce qu'elle est basée à Kyoto
Intervieweur:
Un ami de Tokyo est récemment venu à Kyoto et m'a confié qu'une visite à Umeyu était l'un des objectifs de son voyage. En consultant Twitter, je constate que de plus en plus de personnes viennent à Kyoto pour visiter Umeyu.
Monsieur Minato :
C'est un établissement de bains avec sauna. Je pense que nous avons réussi à surfer sur la vague du boom des saunas. Le fait qu'Umeyu soit situé à Kyoto est un autre atout majeur. Même si le but principal de votre voyage est de visiter Umeyu, vous pouvez toujours visiter tous les sites touristiques célèbres de Kyoto. Ce serait différent si nous étions situés dans une ville comme Hamamatsu (la ville natale de M. Minato), dans la préfecture de Shizuoka, par exemple, où peu de gens pensent à se rendre. Je pense que la forte reprise de notre activité, qui n'aurait pas été possible ailleurs, est due à notre emplacement à Kyoto. Je crois que Kyoto a quelque chose qui a permis à la culture des bains de s'épanouir.
Intervieweur:
Croyez-vous que la culture des bains publics est née en raison de son emplacement à Kyoto ?
Monsieur Minato :
L'esprit de GetYu!, prolongement d'un concept né pour le plaisir, est le même que celui qui régnait au Muraya de Kyoto (le phénomène culturel du pub izakaya local, aujourd'hui fermé, de Sakyo-ku). Les endroits animés attirent naturellement plus de monde. J'ai ressenti cela pour Umeyu.
J'ai ouvert les bains publics seul, et le deuxième jour, un client du même âge que moi est entré et m'a dit qu'il avait toujours rêvé d'y travailler. Je lui ai proposé de faire le ménage et il a commencé à m'aider. Le lendemain, il a amené ses amis, et ces derniers ont commencé à venir régulièrement de Takatsuki (ville de Takatsuki, dans la préfecture d'Osaka) en trottinette. C'est comme les moments de plaisir que nous avions quand nous étions enfants. À l'école primaire, les enfants voyaient d'autres enfants faire quelque chose qui avait l'air amusant et, pendant la récréation, ils se rassemblaient tous depuis d'autres classes pour aller voir, sans rien prévoir. Cet esprit existe à Kyoto.
Intervieweur:
Kyoto a cet esprit. J'ai entendu dire que vous envisagez d'ouvrir un deuxième restaurant. Pouvez-vous nous dire où vous comptez relever le prochain défi ?
Monsieur Minato :
Il s'agit de bains publics appelés Miyako Yu, à Zeze, dans la préfecture de Shiga. Ils ont fermé leurs portes après le décès du propriétaire il y a deux ans. Je les ai contactés et ils m'ont laissé reprendre l'établissement.
Intervieweur:
Pourquoi avez-vous choisi cet endroit ?
Monsieur Minato :
Actuellement, je dirige Umeyu, mais je n'y ai jamais accordé d'importance particulière. Afin de préserver les bains publics, je voulais créer un précédent en restaurant ceux qui fermaient leurs portes. J'y travaillais comme préposé quand j'étais étudiant. Tout m'est venu à l'esprit lorsque j'ai appris la fermeture d'Umeyu. Je n'avais aucune connaissance pertinente et Umeyu n'était pas équipé des installations les plus modernes. Je savais donc que si je parvenais à franchir cet obstacle, je me retrouverais avec un modèle économique inégalé pour l'exploitation de bains publics. J'ai finalement vécu une expérience très difficile, mais avec l'arrivée de jeunes, notre nombre est passé de rouge à noir, j'ai appris à réparer les installations par moi-même et l'ambiance s'est améliorée.
Mais appliquer le modèle Umeyu à d'autres régions aurait été plus difficile, car notre succès était en partie dû au facteur Kyoto mentionné précédemment, ainsi qu'à mon statut de « M. Minato d'Umeyu ». C'est pourquoi j'ai décidé d'ouvrir un deuxième établissement dans une zone plus rurale. Je voulais construire des bains simples au milieu de nulle part. Cette fois, je souhaite créer un modèle pour protéger les bains en zone rurale, et Miyako Yu est l'endroit idéal pour cela.
Intervieweur:
Votre modèle économique actuel n'est possible que grâce à la situation géographique d'Umeyu à Kyoto. Vous souhaitez donc créer un nouveau modèle dans une zone rurale où les artistes et les touristes sont moins nombreux.
Monsieur Minato :
Je souhaite utiliser le savoir-faire que j'ai acquis jusqu'à présent pour découvrir jusqu'où je peux mener cette activité et quel potentiel les bains ruraux offrent. Si nous pouvons organiser des concerts et des événements à Umeyu, c'est grâce au fait que Kyoto est une ville de mélomanes. Je ne connais pas encore les habitants de Zeze, alors je dois continuer à chercher des solutions pour gérer l'entreprise.
Personne d'autre ne le fait. C'est ce que j'aime dans la gestion des bains publics.
Intervieweur:
Je suppose qu'il y a une tendance à ce que les bains ruraux comme Miyako Yu fassent faillite, après tout.
Monsieur Minato :
Même à Kyoto, le nombre de bains publics diminue au rythme de six par an. Actuellement, il y en a 112. Je ne pense pas qu'il soit possible de maintenir ce nombre. Dans dix ans, je pense qu'il n'y en aura plus que 50.
Intervieweur:
Six par an ! Ça fait beaucoup d'établissements qui font faillite.
Monsieur Minato :
C'est la tendance depuis environ cinq ans. Un simple calcul évalue ce nombre à 60 dans dix ans, mais sans successeurs potentiels, je pense que davantage d'établissements disparaîtront. Dans cinq ou six ans, je pense que le nombre de bains publics commencera à diminuer encore plus rapidement. Avant cela, je souhaite que des gens comme moi se spécialisent dans la reprise d'anciens bains publics afin de permettre à plusieurs établissements de prospérer. Je n'y vois pas grand-chose d'un point de vue commercial, mais c'est une opportunité. C'est un monopole total, et je suis convaincu que les bains publics continueront de prospérer. Tout dépend de la façon dont on gère les affaires.
Intervieweur:
Allez-vous reprendre un jour un établissement de bains à Shizuoka ?
Monsieur Minato :
Si l'occasion se présente, oui, je la saisirai avec plaisir. Je la saisirais même si elle se présentait demain. Mais je dois d'abord créer un système.
Intervieweur:
Si vous souhaitez vous impliquer avant la disparition des bains ruraux, il semble que ce soit le moment. Dans d'autres interviews, vous avez évoqué la difficulté de gérer un bain, mais quels aspects de votre travail vous motivent ou vous fascinent ?
Monsieur Minato :
C'est parce que personne d'autre ne le fait. Je crois que j'aime faire ce que personne d'autre ne fait, et je prends plaisir à résoudre des problèmes complexes.
Intervieweur:
As-tu toujours été comme ça ?
Monsieur Minato :
Durant mon enfance, ou du moins pendant mes années universitaires, j'étais quelqu'un de très réfléchi. C'est probablement là que j'ai déraillé. (Rires) Je pense que si d'autres faisaient la même chose, je commencerais à me désintéresser des bains publics.
Intervieweur:
Mais maintenant, votre activité, ce sont les bains publics, et rien d'autre.
Monsieur Minato :
Rien ne me parle autant que les bains publics en ce moment, alors je m'y tiens pour l'instant. De plus, j'ai parcouru tout ce chemin et je veux continuer à me dépasser pour voir jusqu'où je peux aller.
Mon idée d'étudiant était de considérer les bains publics comme une forme de mode. J'en ai fait une réalité.
Intervieweur:
Lors d'une interview, vous avez déclaré avoir la chance d'être entouré. Quand on regarde l'équipe d'Umeyu, M. Kawara de VOU avec qui vous avez fondé GetYu!, ou des personnes passionnées de votre génération partageant les mêmes idées, comme M. Yokosuka de LONESOME, j'ai l'impression que de nombreuses personnes vous suivent sur le chemin que vous empruntez. Comment construisez-vous votre cercle d'amis ?
Monsieur Minato :
J'imagine que si je parviens à attirer des personnes partageant les mêmes idées, c'est parce que j'ai une vision claire de ce que je veux faire et que je le fais. C'est aussi parce que j'ai mon propre établissement et que je le gère correctement. Si vous vous contentez de parler de votre volonté de vous impliquer dans les bains publics sans prendre de mesures concrètes, les gens penseront peut-être que c'est une bonne idée, mais cela ne se traduira pas par des actions concrètes.
Intervieweur:
Vos associés GetYu! ont-ils toujours été des passionnés de bains publics ?
Monsieur Minato :
C'est vrai. M. Kawara et Suka-chan (M. Yokosuka), membres de GetYu!, adorent les bains publics et les fréquentent. C'est pourquoi ils ont voulu créer un événement pour susciter un mouvement de bains publics parmi les jeunes. M. Kawara a rencontré des artistes passionnés de bains publics, et après le premier événement, DJ, artistes reggae et skateurs ont commencé à partager leur passion pour les bains publics, et le mouvement s'est propagé.
Intervieweur:
On dirait que vous êtes à la tête d'un groupe de personnes qui aiment les bains publics mais qui n'en ont jamais parlé auparavant.
Monsieur Minato :
Avant, je ne pense pas que quiconque ait jugé nécessaire de parler de son amour pour les bains publics. D'une certaine manière, on pourrait dire que nous avons changé la culture pour que les gens puissent en parler ouvertement. Il semble aussi que, pour le meilleur et pour le pire, les bains publics soient devenus un lieu à la mode. Quand j'étais étudiant, je voulais que les bains publics deviennent un lieu à la mode. Il y a quelques années encore, personne n'y allait pour des interviews. À l'époque, les cafés chics et anciens étaient populaires, et je pensais que les bains publics devaient l'être aussi. C'est devenu une réalité, et il semble qu'aller aux bains publics soit désormais à la mode.
Intervieweur:
GetYu! est géré en collaboration avec des cafés, bars et salons de coiffure que vous et vos associés fréquentez et recommandez. Quels critères avez-vous suivis pour sélectionner ces co-sponsors ?
Monsieur Minato :
Nous n'avons pas pensé à choisir des salons connus, ni à ceux que nous souhaitions faire connaître. Nous avons simplement choisi de présenter des lieux que nous fréquentons. Haircut Miya, qui a participé à notre événement, est un salon de coiffure que je fréquente et qui se trouve dans un endroit peu fréquenté.
Intervieweur:
Vous souhaitez que les gens connaissent des endroits que vous connaissez ?
Monsieur Minato :
Il y a ça, et je voulais aussi faire découvrir des endroits inattendus. Je suis quelqu'un d'un peu capricieux, et quand quelque chose devient populaire, je m'en lasse vite. Les bains publics me rebutent un peu en ce moment. (Rires) Au fond, l'Umeyu me rebute aussi un peu, la façon dont il a été couvert et dont il est devenu un phénomène majeur. J'aime les choses moins connues que je peux apprécier en secret. J'aime les choses que je peux faire découvrir à mes amis pour créer un sujet de conversation avec mon entourage. C'est ce que j'aime chez Haircut Miya. Si Haircut Miya devenait célèbre, ça ne me ferait pas plaisir.
En ce sens, je commence à me lasser des bains publics. Je souhaite trouver une approche complètement différente de l'univers des bains publics afin de pouvoir à nouveau profiter de quelque chose de nouveau.
Pour être honnête, je veux pouvoir entrer dans les bains publics avec désinvolture comme je le faisais pendant mes années d’étudiant.
Intervieweur:
Vous avez mentionné plus tôt que vous étiez un penseur excessif pendant vos études universitaires. Y a-t-il une culture en particulier qui vous a influencé ?
Monsieur Minato :
Comme beaucoup de jeunes hommes à l'université, j'étais passionné de philosophie et je m'inquiétais sans cesse, me demandant ce que cela signifiait pour moi. J'étais satisfait de moi-même et assez content de lire des livres de philosophie au hasard. Je frémis quand je regarde les livres sur ma vieille étagère. (Rires) Parmi eux, ceux de Yoshimichi Nakajima ont eu une grande influence sur moi. Je lisais aussi le Journal d'Amiel en boucle.
Intervieweur:
Qu’est-ce qui vous a fasciné dans ces livres ?
Monsieur Minato :
L'écriture de Yoshimichi Nakajima peut paraître très anticonformiste à première vue, mais il ne fait que dire ce qu'il pense. Il y écrit qu'il déteste ceux qui se donnent trop à fond et désapprouve ceux qui se montrent toujours positifs. J'ai été influencé par sa façon de traduire ses pensées personnelles en mots. Le Journal d'Amiel est le journal que le philosophe Amiel a tenu de son vivant, publié et salué après sa mort. Il y a longuement écrit sur ses doutes et ses conflits intérieurs au quotidien, et je comparais ses expériences aux miennes. C'était quelqu'un qui cachait sa passion intérieure et n'abandonnait jamais ses rêves. Je le lis encore quand je me sens faible. Il me motive.
Intervieweur:
Je crois que je commence à comprendre pourquoi tu attires autant de monde. Tu dis que tu fais ce que tu fais pour toi, et non pour les autres. Sans réfléchir, les gens ont tendance à dire qu'ils font les choses pour les autres pour l'apparence, mais le fait que tu ne le fasses pas facilite la confiance.
Monsieur Minato :
Comme l'a dit Yoshimichi Nakajima, ceux qui prétendent faire des choses pour les autres mentent. Par exemple, si vous achetez un cadeau à votre enfant, vous le faites pour vous-même. Vous le faites parce qu'une partie de vous-même serait insatisfaite ou impitoyable si vous ne le faisiez pas. Au final, c'est pour vous-même. Je crois que c'est ainsi. En ce qui concerne les bains publics, je le fais parce que je peux y entrer moi-même. Bien sûr, je souhaite que les autres les utilisent aussi. À vrai dire, aujourd'hui, j'aimerais pouvoir y entrer tranquillement, comme lorsque j'étais étudiant, sans me soucier de l'avenir des bains publics. (Rires)
Intervieweur:
Après vous avoir entendu parler, j'ai envie de fréquenter les bains publics dès que possible. À Kyoto, chacun a ses bains préférés. Avant, j'y allais une fois par semaine, mais maintenant, j'ai envie d'y aller plus souvent.
Monsieur Minato :
Cela me ferait plaisir. Plutôt que de me dire qu'on est allé à Umeyu, je suis plus heureux d'apprendre qu'on a fréquenté d'autres bains publics, ou qu'on a commencé à y aller trois fois par semaine. C'est pour ça que je dirige Umeyu, après tout.
Intervieweur:
En d’autres termes, tout ce que vous voulez qu’Umeyu fasse, c’est susciter l’intérêt pour les bains publics.
Monsieur Minato :
C'est vrai. Je veux que l'Umeyu serve d'introduction à la culture des bains publics. Il serait préférable que les gens commencent à fréquenter d'autres bains publics après avoir découvert l'Umeyu et à y dépenser leur argent. Je souhaite qu'un maximum de bains publics survivent.
Intervieweur:
Merci pour votre temps!
Instructions | 174 Iwatakicho Shimogyo-ku, Kyoto-shi, Kyoto-fu 600-8115 |
Site web | https://x.com/umeyu_rakuen |
